Pourquoi s’installer ici alors que tout le monde veut partir chez vous ?
C’est une réaction que m’offrent fréquemment les Français lorsque je leur révèle que j’ai quitté Montréal il y a cinq ans pour vivre à Paris. Au début j’étais gênée par cette question manichéenne à laquelle il est difficile de répondre en ne froissant aucune sensibilité nationale.
À contrepieds du déclinisme français, je réponds maintenant en citant l’une des cinq raisons qui me font aimer la vie à Paris.
1. Paris me permet un mode de vie ultra-urbain
Je déteste marcher de longues distances pour mes besoins quotidiens et encore plus l’utilisation régulière d’une voiture. À Montréal, même dans des quartiers centraux, il est difficile de vivre sans voiture parce que la ville a été pensée (c’est un bien grand mot pour l’urbanisme défaillant dont la ville est victime depuis des temps immémoriaux) en délimitant fortement les zones commerciales des zones résidentielles. Parfois, il y a des endroits ardus à franchir pour un piéton comme les voies de chemin de fer, de larges boulevards où il y a peu de passages piétons, des friches désertes, des tunnels sans éclairage… bref des lieux peu rassurants.
Par contraste, il possible en deux petites heures de traverser Paris à pieds et il y a de nombreux commerces de proximité dans tous les secteurs de la ville. On a choisi de s’installer dans un quartier résidentiel à cinq minutes de métro de l’épicentre urbain (Beaubourg/Châtelet) et je trouve tous les magasins dont j’ai besoin au quotidien à moins de 500 mètres de notre appartement. Une mobilité qui fait qu’on sort souvent en semaine sans devoir s’inquiéter des transports et de l’heure à laquelle nous allons renter.
2. Culture foisonnante et des spectacles plus accessibles
Je ne sors jamais en boîte de nuit pour moi une belle soirée c’est plutôt d’aller au resto où assister à un opéra, une pièce de théâtre, un spectacle de danse… L’offre culturelle à Paris et pléthorique et on trouve des billets pour toutes les bourses. En comparaison, à Montréal la culture est de moins en moins subventionnée et les prix d’un siège de théâtre tourne plutôt autour de 100 $ en première catégorie. Du coup, j’hésitais plus longuement avant de réserver, attendant souvent des critiques positives avant de m’engager, et je pouvais me permettre moins de sorties par année. En contrepartie, il y a plus de festivals extérieurs gratuits avec des artistes de qualité à Montréal.
A Paris, on se permet environ un spectacle par mois parce que les tarifs sont plus abordables. C’est un aspect de ma vie ici que j’apprécie beaucoup.
3. Vade retro satané bus
J’ai grandi dans l’est de Montréal — là où le métro ne se rend pas — et prendre l’autobus est quelque chose que j’ai appris à détester. Dix ans plus tard, je me souviens toujours d’une soirée d’hiver où il faisait très froid et que j’ai attendu sur un coin de rue 45 minutes avec mes dix sacs d’épicerie alors qu’un léger blizzard commençait à tomber. Un autobus avait été supprimé et le deuxième avait beaucoup de retard. Je suis finalement rentrée congelée chez mes parents ! Et que dire des soirs où je terminais l’université à 22 h 45 et quand j’arrivais en bout de ligne vers 23 h 45, je devais patienter pour attraper le prochain bus à 0 h 30 ? Été comme hiver, les agents de la STM verrouillaient les bâtiments du métro à la fin du service à 0 h.
Dès que j’ai emménagé dans mon premier appartement, je l’ai choisi collé sur une bouche de métro. Malgré cela, il est difficile d’éviter complètement le bus parce que les quatre lignes de métro sont loin de couvrir toute l’île. Ainsi, impossible d’échapper à l’attente et les bus inévitablement supprimés pour diverses raisons.
À Paris, même s’il y a des bus, je les évite comme la peste car ils sont loin d’être nécessaires à mes déplacements.
4. L’Europe est la banlieue de Paris
Partir pour un court week-end hors de Montréal, c’est choisir entre rester au Canada ou aller aux États-Unis. Si on opte pour des lieux se trouvant à trois heures ou moins de la ville, on demeure dans des climats et des cultures ressemblantes. Je ne crache pas sur une visite de la veille ville à Québec, une fin de semaine en Outaouais ou de faire du camping au Parc de la Mauricie, mais aussi plaisantes que ces activités puissent être, elles ne donnent pas l’impression de voyage et de découverte.
J’apprécie vraiment le fait de pouvoir travailler toute la journée à Paris et m’endormir à Pise, Madrid ou Liverpool et le temps d’un week-end entendre une autre langue, manger différemment et découvrir une culture différente. En plus, ces petits séjours sont loin de briser mon porte-monnaie grâce aux compagnies d’avion lowcost.
5. La vie parisienne est confortable
Peut-être que c’est parce que je me contente de peu, mais je trouve que je vis bien même si j’ai des revenus dans la moyenne. C’est sûr que je pourrais gagner en confort en gagnant plus d’argent mais quand j’y réfléchis, je manque de rien.
À Montréal les prix ont augmenté de façon surprenante depuis 2008, tant au niveau de l’épicerie que de l’immobilier. Je ne suis pas certaine qu’avec les mêmes revenus j’aurais une vie aussi confortable. Une chose qui aide d’autant plus à se sentir à l’aise c’est le filet social assuré par la Sécurité Sociale, les contrats de travail stables, le chômage et la retraite garantie par l’état même pour les salariés du Privé. Ainsi, j’ai la conviction que même si je rencontre un gros problème à un moment de ma vie, je ne risque pas de tout perdre.
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