Plus récemment, mon père s’est mis à me parler avec insistance d’une nouvelle série diffusée sur Radio-Canada très suivie au Québec avec près de 2 millions de téléspectateurs. Les critiques envers Unité 9 sont élogieuses mais je trouvais le synopsis peu engageant : des femmes en milieu carcéral.
C’est clouée sur mon siège d’avion que j’ai découvert cette série sur le système de divertissement en vol d’Air Canada. En atterrissant à Montréal, j’avais enchaîné quatre épisodes avec un seul regret : qu’il n’y en avait pas d’autres !
C’est avec Marie Lamontagne, condamnée à une peine de sept ans pour tentative de meurtre sur son père, que l’on pénètre dans l’établissement pénitentiaire fédéral pour femmes de Lietteville. Mère de deux enfants, professeur au secondaire (collège), Marie — une femme éduquée de classe moyenne sans antécédents judiciaires — est très rapidement confrontée à la violence des détenues mais aussi à celle du système carcéral.
Elle est installée dans l’unité 9, un baraquement où six détenues ont une chambre individuelle tout en partageant une cuisine, un salon et une salle de bain. Une impression de vivre comme à la maison, sans barreaux, avec cinq autres criminelles.
Une vie sans barreaux mais pas pour en autant sans contrainte car il faut se soumettre aux rythmes bien réglés de l’administration carcérale. Ils sont d’autant plus micro-minutés par le nouveau directeur de la prison Normand Despins, un homme froid, et ses petites mains : les Intervenantes de Première Ligne (IPL / gardiennes de prison).
Si j’avais abordé la série en me croyant incapable de m’identifier à une prisonnière, cet a priori a vite été oublié. La série se déroule de façon telle qu’on apprend à connaître les femmes détenues avant de découvrir leurs crimes et leurs passés ce qui contribue à les rendre plus « normales. » La série se déroulant exclusivement dans le moment présent, l’immersion du téléspectateur dans la prison se fait plus naturellement.
La série a beau relater une vie quotidienne sans sans fioriture en prison avec ses lots de trahison, de trafics, de crises et d’entraide, il n’en reste pas moins qu’il y a un suspens qui donne envie de découvrir le prochain épisode. Les actrices jouent leurs rôles avec beaucoup de justesse et ça m’a fait plaisir de revoir des actrices connues et aimées du grand public comme Micheline Lanctôt et Guylaine Tremblay mais aussi des actrices qui moins connues comme Ève Landry.
Je regarde cette série avec Réjean, mon français, qui l’apprécie et qui se désole qu’il n’y ait pas plus de bonnes séries québécoises qui soient diffusées en France. J’ai pu lire quelques commentaires de français qui avaient de la difficulté à comprendre le fameux accent québécois, mais Réjean n’est pas d’avis que cette série est difficile à comprendre. Selon lui, l’incompréhension des français serait plutôt envers les conditions de détentions qui sont bien différentes des prisons surpeuplées et vétustes de France.
D’ailleurs, ce que j’aime de Unité 9 c’est qu’une fois le téléviseur éteint, on se met à réfléchir aux conditions des détenus dans nos prisons, des gens pour lesquels on a habituellement peu de compassion. La fiction permet de concrétiser dans notre imaginaire combien la privation de liberté en elle-même a un côté inhumain et ce même dans des conditions matérielles relativement confortables. Je reste convaincue que l’on doit envoyer le moins de gens possible en prison et surtout aménager leur séjour afin que la réinsertion des prisonniers se fasse plus sereinement. Oui, même si ça augmente mes impôts !
Unité 9 (2012-…)
Saison 1: 25 épisodes
Saison 2: 24 épisodes (en cours de diffusion)
Durée: 1h00 avec les publicités, environ 42 minutes sans.
France: Diffusion de deux épisodes chaque semaine sur TV5, le lundi à partir de 23h10
Québec: Diffusion tous les mardis à 20h00 et en tout temps sur Tou.tv
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