En rentrant du travail le 14 juin dernier, j’ai été surprise par le comportement de deux pigeons qui, malgré ma présence, s’obstinaient à rester dans mon pot de tomates posé sur mon balcon. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’on a découvert un, puis deux œufs. La nature étant tellement rare à Paris, j’ai supplié Réjean de garder le nid.
Pendant 15 jours, les parents se sont relevés pour couver leur progéniture, tellement décidés de mener leur tâche à bien qu’on pouvait les approcher et même les toucher. J’ai été surprise d’apprendre que chez les pigeons un couple reste ensemble toute leur vie et qu’ils se partagent les tâches de couver et de nourrir leurs oisillons au lait de jabot.

Suivi le lendemain du deuxième. J’aurais pensé que les deux oisillons auraient fait leur vie chacun de leur côté, mais en vérité ils jouaient ensemble et se blottissaient souvent l’un contre l’autre, même lorsqu’ils n’avaient plus besoin d’être couvés.

Aussitôt mis au monde, ils se sont mis à grandir à une vitesse folle : dès le troisième jour, ils avaient triplé leur poids de naissance. À certains moments, il y avait une nette différence entre leur apparence du matin et du soir. Ils ont grandi si vite qu’on aurait pu les voir changer sous nos yeux si nous avions eu le temps de les regarder toute la journée.

À partir de la ponte des œufs jusqu’à deux semaines avant le départ des oisillons, la famille pigeon était d’une propreté exemplaire. On a même observé les oisillons sortir leurs croupions de sous leur parent pour faire leurs besoins à l’extérieur du nid, et ce dès les premiers jours.
Contrairement aux idées reçues, les pigeons ne transportent pas plus de maladies que les autres oiseaux (moins que la perruche domestique!) et bien qu’ils soient souvent porteurs de puces, elles ne sont pas transmissibles aux humains.

Curieuse d’en savoir plus sur mes « nouveaux animaux de compagnie », j’ai fait quelques recherches sur internet. J’y ai appris que la plupart des pigeons d’Europe sont d’origine domestique, mais ont été massivement relâchés quand leur viande a cessé d’être au goût du jour et que leurs services de messagers sont devenus désuets. Ces oiseaux aiment nicher sur les façades des immeubles, car à la base ce sont des oiseaux qui peuplaient les falaises. Ils ont une telle capacité d’adaptation que ces animaux du désert ont su s’adapter à tous les environnements, même aux hivers montréalais.

Même si je nourrissais un peu les parents avec un mélange de graines (je sais, c’est mal, mais les graines étaient bio) 😉 ils restaient sauvages, assez méfiants envers nous. Les bébés ne se sont pas habitués à ma présence ce qui de toute façon les a mieux préparés à leur vie parisienne.
Akira en bon chien d’appartement, bien nourri, n’a pas porté attention à la famille pigeon. Il ne les a regardés qu’une seule fois 15 jours après leur naissance et comme l’un des bébés était assez pugnace (celui de droite surtout) il n’a pas osé s’en approcher.

Les couples de pigeons pondent 7 à 8 couvées par année, mais le taux de mortalité au nid est élevé. En moyenne, un seul oisillon par année survit. Pour limiter les naissances, la ville de Paris a installé des pigeonniers contraceptifs

Dès que leurs plumes se sont bien développées, ils ont commencé l’entraînement pour voler. C’est à ce moment qu’ils ont quitté le nid pour laisser des fientes partout sur notre balcon et aux alentours.

Même si j’ai bien aimé observer la famille pigeon, j’étais contente qu’ils partent parce qu’avec toutes leurs fientes, on ne pouvait plus profiter du balcon et j’avais peur que mon choix de laisser les pigeons grandir indispose mes voisins. Ç’a tout de même été une belle expérience qui m’a permis d’apprendre plus sur ces oiseaux que l’on côtoie sans connaître.
À notre retour de vacances, nous avons été confrontés à un nouveau nid dont nous nous sommes débarrassés même si je l’ai fait avec beaucoup de peine. Pour éviter qu’un autre couple se réinstalle, nous avons déposé des pots à l’envers sur la terre de nos fleurs. J’espère que ça sera assez dissuasif pour qu’aucune autre famille de pigeonneaux ne s’installe chez nous.
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