Lors du débat sur l’identité nationale, j’avais beaucoup de mal à comprendre pourquoi beaucoup de gens disaient que l’une des valeurs principales de la France était l’agriculture. Cela était très incongru pour moi, comment 2 % de la population pouvait-elle représenter les 98 % restant? Surtout que dans ma vision des choses, la France était avant tout incarnée par ses auteurs et ses artistes.
J’ai finalement compris après avoir passé quelques heures au salon de l’agriculture. Ce que j’ai saisi s’exprime aisément par une citation tirée d’une chronique culinaire de Périco Légasse sur le site de Marianne :
C’est parce que la France bénéficie d’une configuration géoclimatique particulière, elle-même génératrice d’une agriculture d’exception, par ses terroirs et ses paysages que notre pays a pu cumuler des trésors agraires d’une diversité et d’une richesse incomparables. L’ensemble de ces produits a favorisé l’essor d’une culture culinaire régionale, puis nationale, au travers d’un répertoire inouï de recettes et de traditions. En aucun cas le cuisinier français n’est supérieur aux autres parce qu’il est Français, mais parce que des campagnes, des forêts, des prairies, des vallées, des rivières, des côtes, lui fournissent depuis des siècles, par l’entremise de la paysannerie, de merveilleuses denrées. Pour résumer, une certaine idée de la cuisine française c’est le triomphe définitif du droit du sol sur celui du sang.
Ce qui est merveilleux avec cette culture du terroir, c’est qu’elle ne se veut pas élitiste. En tout cas, pas de la façon dont elle était présentée au salon de l’agriculture parce qu’il y avait des gens de tous les âges, régions (ça s’entendait!) et classes sociales. Une diversité qui n’a pas manqué de m’impressionner, car je croyais, à tort, y retrouver principalement des Parisiens en manque de campagne et des enfants surexcités.
J’ai été surprise par la taille du salon qui occupait presque tous les pavillons du centre des expositions de la porte de Versailles. C’est énorme comparé aux autres manifestations qui ne prennnet rarement plus d’un bâtiment. Malgré tout l’espace dévoué à cette exposition, il y avait foule partout et la circulation y était difficile. Normal, en une semaine, plus de 650 000 personnes ont visité le salon de l’agriculture.
C’est une expérience à suggérer à tous ceux qui désirent découvrir, mais aussi comprendre, la France. Car si l’on peut visiter toutes ses régions, il reste que voir tout ce patrimoine paysan réuni à un seul endroit donne réellement l’occasion de saisir son ampleur incroyable pour un pays aussi petit. Tant au niveau des animaux que des produits, la France possède une très grande diversité qui n’existe pas au Québec pour des raisons variées, dont la principale étant notre climat rigoureux.
Le salon permet également de bien se rendre compte combien les Français sont attachés à cet héritage paysan, car la majorité des gens repartent avec des cabas remplis de bonnes denrées. Mais, s’il y a une chose qui m’a toujours interpellée en France, c’est que c’est un pays où les artisans continuent d’avoir des savoirs faire paysans sans que les produits soient pour autant considérés « de luxe ».
Si l’on sait où trouver de bons aliments, une excellente saucisse sera sensiblement au même prix que les atroces tubes de plastique qu’ils essaient de nous vendre en épicerie. C’est pareil pour les fromages, huiles, pâtés… Malheureusement, la conjoncture économique et certaines lois pourraient bientôt avoir raison de ces gens qui sont les derniers remparts contre une industrialisation totale de notre alimentation.
Bref, si vous êtes à Paris aux alentours du salon de l’agriculture (février-mars), n’hésitez pas à acheter un billet pour y passer la journée. Le mieux c’est d’y aller en bonne compagnie pour boire et manger.
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