Nous voilà arrivés au moment le plus attendu de l’année même si je n’arrive pas à retrouver toute l’excitation que je pouvais ressentir lorsque j’étais enfant. Après une course effrénée aux cadeaux et aux victuailles, on peut enfin se retrouver autour d’une table pour partager un moment spécial, presque hors du temps.
Je ressens toujours un peu de tristesse en pensant aux Noëls d’antan quand on réunissait la tribu et toutes les pièces rapportées (conjoints et amis) chez l’une ou chez l’autre de mes grand-mères. Nous étions plusieurs générations sous le même toit à déguster des tourtières, du ragoût de boulettes, des betteraves au vinaigre, des sandwiches pas de croûte et des petites saucisses à la sauce VH. Je me souviens des rires des enfants, des éclats de voix des adultes et des parties d’UNO à dix joueurs qui se prolongeaient jusqu’aux petites heures du matin.
Souvent, j’embêtais les adultes pour qu’ils m’amènent à la messe de minuit (à 11 heures) à Saint-Jean-De-Matha, le village où habitait ma grand-mère. Ca embêtait bien les adultes mais ça me permettait d’attendre plus paisiblement minuit, l’heure à laquelle on déballait les cadeaux.
On n’oubliait jamais d’apporter nos vêtements d’hiver à la campagne pour pouvoir jouer le lendemain matin dans la neige et faire un peu de crazy carpet dans le domaine vallonné de mes grands-parents. J’admirais les adultes qui se mettaient beaux pour cette fête, hors de question de porter des jeans pour un jour si spécial ! Ma mère nous a longtemps cousu des robes dignes de princesses que l’on mettait avec nos chaussures du dimanche.
La grand-messe familiale se passait du côté de mon arrière-grand-mère paternelle où les treize frères et sœurs de mon grand-père ainsi que tous leurs enfants et petits-enfants se réunissait pour fêter la venue de la nouvelle année. Deux rangées de tables étaient installées dans le salon sous des guirlandes clinquantes. La dizaine d’enfants que nous étions, s’enfermaient dans une chambre où nous faisions des blagues au téléphone ou on écoutait les transmissions policières.
De beaux souvenirs qui ne pourront plus se reproduire parce que bien des choses ont changé depuis : le réchauffement climatique, la taille des familles, des parcours qui ont divergés et surtout la mort. Drôle de sujet à aborder entre un joyeux Noël et un vidéo de la Petite Vie, mais c’est à ce moment de l’année que je pense le plus aux êtres aimés disparus. Durant le reste de l’année on s’en aperçoit moins de leur absence parce qu’on a beaucoup de choses à faire mais pendant le temps des fêtes on sent bien qu’il manque quelque chose et que l’énergie qu’ils insufflaient dans cette fête est irremplaçable.
De toute façon, j’ai du mal avec l’esprit des fêtes depuis que mes parents à la fin des années 90 m’avaient annoncé quelques jours avant Noël qu’ils allaient divorcer. Je ne leur en veux pas, parce que ça partait d’une bonne intention mais ils me croyaient beaucoup plus mature que je ne l’étais du haut de mes quinze ans. Quelques années plus tard, je n’avais pas totalement récupéré quand mon grand-père, un homme farceur, généreux et qui filmait toutes les réunions familiales est décédé. J’ai eu encore plus de mal avec Noël après son départ.
Aïe, aïe, mais où va ce billet ? Je ne suis quand même pas là pour vous raconter une histoire digne de la petite fille aux allumettes en ce jour de réjouissances !
Non, en fait tout ça pour dire que j’arrive enfin à accepter le passé pour ce qu’il est. Je réussis à apprécier mes souvenirs en me disant que j’ai eu beaucoup de chance de vivre d’aussi beaux moments. J’ai aussi surmonté la peine de ne pas pouvoir fêter Noël à Montréal parce qu’on ne peut pas se passer de moi au travail à cette période de l’année.
Cette année je ressens enfin une joie réelle à l’arrivée du temps des fêtes. Cette année j’ai envie de me parer des paillettes et faire des cadeaux pour le plaisir. Je crois que je serai même prête à faire un vrai sapin de Noël l’année prochaine avec de vraies boules. Peut-être même commencer une vraie tradition de Noël en achetant de jolies boules pour orner notre sapin !
Sur ce, je vous souhaite un joyeux Noël, j’espère que vous serez entourés des gens que vous aimez et que vous prendrez le temps de profiter de leur présence à vos côtés.
Bon réveillon,
Cynthia
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