Carte de séjour en trois actes [1]

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Acte premier

Selon les informations cryptiques glanées sur le site de la Préfecture de Police à propos de l’obtention d’une carte de séjour «vie privée» je suis rendue lundi avec chéri au commissariat du 14ème arrondissement. À Paris, c’est la police qui est chargée de s’occuper de nous, vilains immigrants. Parce que chéri devait se présenter avec moi mais qu’il voulait partir au travail le plus tôt possible nous sommes arrivés à 8h15, soit 45 minutes avant l’ouverture du centre des étrangers. Nous n’étions pas très originaux car la queue était déjà longue d’une soixante personne même si la température n’était pas clémente ce matin là. 
 

Illegal Immigrants Demonstration (19) - 05Apr08, Paris (France)
(cc) Philippe Leroyer

Dans une démonstration d’intégration à la société française, des gens commencent déjà à resquiller la queue alors que le bureau n’est pas ouvert. Tout le monde reste résigné, ce n’est pas le moment de faire des histoires devant un commissariat de police alors que notre statut en France est précaire. Quand le bureau des étranger ouvre finalement, la queue avance lentement mais surement jusqu’à ce qu’on arrive devant la porte. Alors qu’on touche presque à la porte, on nous annonce qu’on nous fera entrer au compte goutte car la salle d’attente affiche comble, il est déjà presque 10h00.



La température se refroidit car le soleil du matin est allé se cacher derrière les bâtiments du boulevard de la gaîté. Mes pieds commencent à s’engourdir à cause du froid, je me mets à sautiller pour ne pas avoir d’engelures mais le froid m’a pénétré jusqu’aux os. À 11h00 on nous laisse enfin pénétrer dans le commissariat. Le gentil monsieur qui attendait devant nous, habillé de son uniforme de travail, a pris pitié de moi et nous laisse passer avant lui. Je prends le numéro 70 et le ticket m’indique qu’il y a 36 personnes devant moi.
 
On entre dans la salle d’attente qui doit avoir une contenance maximale de 40 personnes, ce qui est bien peu quand on considère le nombre de gens qui attendent dehors et certains avec des enfants. Après une vingtaine de minutes, on trouve enfin une place assise. En fixant les yeux au plancher, je me découvre une copine d’infortune, une coquerelle écrapoutie sous les sièges. Rien d’étonnant étant donné que ce commissariat a aussi l’une des toilettes les plus glauques qu’il m’a été donné de voir (apportez votre propre papier de toilette).
 
L’heure de dîner des fonctionnaires arrive et la moitié du personnel part manger. Une heure après, c’était au tour de l’autre moitié. Pendant ces deux heures très peu de numéros ont été appelés. Il y a au moins le gentil monsieur du matin qui était venu pour autre chose qui est passé pendant l’heure du lunch et qui s’est toute de suite mis en route vers son travail. Mais, la file à l’extérieur continue de s’allonger. Je me suis demandé si ces gens arrivés tardivement pourraient entrer dans le bureau car le bureau ferme à 16h00, les 35 heures obligent, et le rendement n’est pas élevé.
 
Nous voyons plusieurs personnes avec qui nous avons attendu toute la matinée se faire refouler vers d’autres centres de traitement. Ils avaient reçu une mauvaise information et comme il n’y a pas de pré-triage ils ne s’en sont aperçus après plusieurs heures d’attente. Ils repartent la mine déconfite de devoir revivre cette expérience humiliante.



Notre tour est finalement arrivé vers 14h00. Nous nous présentons au bureau où nous avons été appelés avec une joie non contenue. On a tous les papiers mais on nous annonce qu’ils «ne gèrent pas.» Oui, je sais bien qu’ils ne gèrent pas car ça faisait 5h30 que nous attentions avec comme seul interlocuteurs des policiers un tantinet agressifs. Oups ! En fait, ça veut dire qu’ils ne gèrent pas mon cas car j’ai déjà eu une carte de séjour étudiant. On m’annonce que je dois me rendre en matinée dans le 18ème arrondissement pour prendre un rendez-vous qui se déroulera à la préfecture sur l’île de la cité.
 
Bref, six heures de ma vie aux poubelles, 1 800€ non-facturés pour chéri et toujours pas de carte de séjour.

Par Cynthia

Montréalaise en escale à Paris.

7 commentaires

  1. Je comprend, rien que pour refaire ma carte grise, j’avais poireauté toute la matinée, en etant arriver une demi heure avant l’ouverture et j’avais aussi la queue, c’est désespérant l’administration française. Bon courage pour la suite.

  2. Merci pour vos mots d’encouragement!

    Chrys: Il y a des trucs qui fonctionnent relativement bien mais pour tout ce qui touche l’immigration ils sont débordés!

    Pitch: Merde c’est long!

    P.s. vos commentaires ont changé de billet désolé c’est de ma faute, j’ai fait une erreur de manipulation!

  3. À te lire…. je ne peut m’empêcher de penser aux salles des urgences chez nous…. 🙁

    Je trouve qu’il n’y a vraiment aucunes considérations pour le temps perdu de tous ces gens, encore moins pour ceux qui ont été mal dirigés au départ!

    J’ai hâte de lire la suite en espérant que tu as eu ton sésame à la fin!

  4. Quelle expérience!

    Pour ce qui est de faire la queue, c’est la même chose à l’ambassade du Canada à Paris. J’étais arrivée tôt (une heure avant l’ouverture) et je m’étais aussi retrouvée derrière une cinquantaine de personnes. Mais par contre, les fonctionnaires étaient plus efficaces et bien sûr, la plupart des gens avaient les bonnes infos car elles étaient en ligne sur le site du CIC (contrairement à la France qui ne donne els infos sur l’immigration qu’au compte-goutte).

    C’est assez significatif que ce soit la police qui s’occupe de l’immigration 🙁

  5. Beo: Oui ça ressemble pas mal, même que je dirais que d’habitude j’ai passé plus de temps à attendre à l’urgence que dans les bureaux pour les visa 😉

    Zhu: Je ne sais pas pourquoi mais c’est seulement à Paris que la police s’occupe des étrangers.

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