Carte de séjour en trois actes [2]

Publié le Catégorisé comme Bla bla 9 commentaires sur Carte de séjour en trois actes [2]
Deuxième acte

Mardi matin, je quitte la maison à 7heures pour me rendre à porte de Clignancourt dans le 18e qui se trouve à l’opposé d’où j’habite. La bonne nouvelle est qu’il n’y a presque personne dans le métro car l’heure de pointe ne commence que plus tard. J’entame un paquet de kleenex parce que l’attente de la veille m’a laissé un vilain rhume.

J’arrive devant le bâtiment de la préfecture à 7h45 alors qu’elle ouvre à 8h30. Je me place dans la première queue que je vois, elle semble très longue jusqu’à la porte. Je sors mon Nintendo DS afin de passer le temps. Quand la préfecture ouvre enfin, les policiers font sortir de la file ceux qui ont des rendez-vous afin les laisser passer en priorité. Un agent s’approche de moi et commence à me poser des questions sur le pourquoi de ma présence. Je lui explique. Elle m’annonce que je me suis trompée de file. Merde.

J’étais dans la file pour les réfugiés qui était très courte en fait car il y avait deux files séparées qui donnaient l’impression d’une immense queue. Je me dirige vers la porte pour les étudiants, je rentre immédiatement car il n’y a plus personne. Je passe un contrôle de type aéroport et je monte au bureau des étudiants. Il est déjà 9h10 quand je rejoins la file dans le bureau des étudiants. Je ne suis pas certaine que je suis au bon endroit mais il n’y a personne pour donner des renseignements alors j’attends. À 10h00 j’arrive enfin au guichet où on me refuse le service car je n’ai pas de rendez-vous. On m’indique une autre file qui n’a pourtant aucun panneau qui la distingue.

Je me rends dans cette troisième file. À 10h10, le fonctionnaire qui s’occupe de ma file nous annonce qu’il n’acceptera plus de dossier car ils sont incapables de traiter tous les rendez-vous. On se fait renvoyer en nous disant de revenir à 14h00.

Complètement dépitée par l’expérience ubuesque que je viens de vivre, j’appelle Chéri qui m’invite à aller luncher avec lui sur les Champs Élysées à 11h30. Je quitte donc ce quartier périphérique moche autour de Porte de Clignancourt histoire d’aller flâner un peu dans les magasins de tissu d’Anvers. Malheureusement pour moi, beaucoup des boutiques sont fermées car il est trop tôt mais je trouve quand même de la doublure pour un projet en cours.

Retrouver chéri pour manger m’a permis de retrouver un peu de réconfort et de me défouler sur cette situation ridicule. Je repars pour arriver vers 13h30 à la préfecture pour espérer passer avant 16h00.

Quand j’arrive la police bloque le trottoir et une grosse foule est massée autour des barricades. Impossible de comprendre ce qui se passe, les policiers aboient sur les gens mais se refusent à expliquer ce qui se passe. Nous attendons entassés le moment de l’ouverture des barricades. Quand ils ouvrent enfin, les gens se précipitent vers les services dont ils ont besoin, normal certains attendaient pêle-mêle depuis plusieurs heures. Des policiers ne se gênent pas pour nous traiter d’animaux ! Je rage intérieurement mais je ne veux pas empirer ma situation.

Dans la foule qui se trouve devant la porte d’entrée des étudiants, j’apprends qu’il y a eu une alerte d’incendie ce matin peu après que je sois partie et que tout le monde avait été évacué. Les policiers se mettent à nous entasser derrière des barrières afin de former une queue deux-par-deux à partir de la queue qui fait 4 à 5 personnes de large. J’étais déjà contre le mur et les gens tentant de s’immiscer dans la queue me compressent encore plus. Certains policiers poussent aussi les barrières afin de rapetisser la queue. Ensuite, les policiers décident que les gens étaient trop près de la porte et se mettent à pousser les gens pour qu’ils reculent.

Sentant l’angoisse monter en moi, j’apostrophe un policier pour qu’il me laisse sortir de la queue, il accepte. Je quitte car de toute façon les chances sont minces que je puisse obtenir mon rendez-vous à cause de tous les gens qui avaient été évacués le matin-même.

J’arrive chez moi à 15h30 avec une désagréable impression de poitrine compressée, toujours pas de rendez-vous. Je m’écroule sur le divan et j’y dors jusqu’à 20 heures épuisée par mon rhume et les évènements de la journée.

Par Cynthia

Montréalaise en escale à Paris.

9 commentaires

  1. Pauvre toi… j’ai un souvenir très relaxe de mes péripéties à Grenoble, beaucoup d’attente mais jamais à l’extérieur comme ça 🙁

  2. La gauchiste en moi monte aux barricades… Tu devrais écrire à Libé(ration). Peu de Français savent comment ça marche… et beaucoup seraient vraiment désolés de ça.

  3. Delphine: Bha c’est pas la honte pour la France c’est surtout pour Paris. Je ne crois pas que ça soit aussi pire partout.

    Olivier: J’ai surtout l’impression de ne pas être chanceuse.

    Shandara: J’ai l’impression que Paris et le 93 sont pire qu’ailleurs parce qu’on connait quelqu’un qui a fait la procédure dans le 92 et c’est vraiment plus relaxe.

    Chrys: En espérant que je puisse prendre celui de l’année prochaine en ligne 😉

    Beo: Il a été assez vilain et aujourd’hui est la première journée que je me sens normale 🙂

    Zhu: Mon copain a aussi été très surpris … après j’avoue ne pas me sentir à l’aise de trop en parler car je n’ai pas encore de carte de séjour et qu’il se passe parfois des trucs bizares 🙁

  4. Ah, c’est ton côté canadien ça, ne pas faire de vagues. Mais malheureusement en France, ce sont ceux qui crient qui se font entendre!

    Mais je comprends ta position, et je ne suis pas sûre que j’aurais parlé publiquement non plus. 😉

  5. ça doit 🙂 En plus je ne connais pas trop les lois ici et I’m afraid to open a can worm. En plus l’expérience que j’ai eu jusqu’à maintenant quand je raconte ces choses c’est de me dire de retourner chez nous si je ne suis pas contente :/ et cette réponse vient souvent des socialistes voir de communistes.

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