Tourisme alcoolisé et autres histoires

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Coupe de champagne, Reims

Encore une photo de Champagne pour la photo de la semaine et pour cause, on a bu pas moins de huit bouteilles à quatre en deux jours. Le week-end a commencé tranquillement samedi avec une énième visite d’appartement dans le 20e arrondissement. L’appartement en tant que tel ne m’a pas séduite mais je suis tombée amoureuse de son prix relativement bas et de la plus-value qu’on fera après les rénovations. Si l’appartement est glauque, le quartier reste sympathique même si assez périphérique. Chéri a donc fait un offre d’achat au prix demandé mais il n’est pas le seul et la réponse du vendeur ne viendra que vendredi. Il ne reste qu’à essayer de combattre la tentation d’appeler l’agent immobilier pour offrir 5 000 euros de plus.

Appartement décrépit, Paris

Le week-end a commencé à s’embrouiller quand nous sommes allés dîner chez nos copains, F. et G., qui voulaient trouver une activité pour dimanche. Après diverses tergiversations et une excellente bouteille de Ruinart, nous avons conclu que nous allions passer dimanche à Reims … qui se trouve dans la région de Champagne-Ardenne. Les garçons et moi-même sommes restés sages vu qu’on devait se retrouver relativement tôt le lendemain matin. On a seulement goûté un vieux cognac histoire de se nettoyer la bouche après une mauvaise bouteille de Blanc de Blanc de la maison Jacquart. Quelle erreur de notre part d’avoir voulu économiser 8€ et d’avoir choisi cette bouteille au lieu d’un bon vieux blanc de blanc millésimé de chez Henriot. Les garçons ont fumé leurs cigares, j’aime bien le goût mais c’est les conséquences du cigare qui me dégoûtent : ça explose les papilles et les muqueuse de la bouche laissant une sensation (et une odeur) désagréable durant quelques jours.

On rente tranquillement à la maison en métro, c’est l’une des rares fois où on n’a pas à courir pour attraper le dernier train.

 

Fear and Loathing in Reims

 

Cathédrale de Reims
Nef de la Cathédrale de Reims

Le lendemain, direction Reims. On a tout juste le temps de manger nos croissants et boire un jus d’orange dans la voiture qu’on est arrivés. On est bien contents d’avoir choisi Reims au lieu d’Étretat en Normandie car il y a relativement peu de voitures sur la route dans cette région. Une fois arrivés, nous passons en revue le plan de la journée : Déjeuner au Continental, visite des caves Pommery, ensuite des caves Charles Martel, passage dans une boutique de producteurs locaux et retour à Paris le coffre plein de caisses de Champagne.

Tympan de la cathédrale de Reims

On commence sagement avec la cathédrale Notre-Dame-de-Reims qui est tout simplement un chef-d’œuvre du XIIe siècle. Je n’ai pas de chance car elle est en travaux et les toiles cachent exactement la même partie qui était cachée lorsque j’y suis allée il y a déjà trois ans. Pas grave, je prends le temps d’admirer les multiples statues tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Avant de sortir, on allume deux cierges pour l’appartement et on retrouve le soleil.

Direction restaurant Le Continental, on a un peu de difficulté à trouver la place d’Erlon mais on a apprécié la petite balade car la ville de Reims est vraiment coquette. Une fois arrivés, j’ai eu peur que le groupe se fasse refouler à la porte car chéri avec son T-shirt CSI et moi et mes shorts en jeans ne cadraient pas avec le style plutôt raffiné du restaurant. Heureusement, les serveurs étaient sympathiques et nous n’avons été accueillis comme si nous étions bien habillés.

Visite de Reims, fontaine

Le blanc de blanc d’Henriot épuisé, nous nous sommes tournés vers un champagne dont le nom ne me revient pas mais qui était trop acide. J’adore le Champagne mais il est très délicat de trouver un Champagne qui n’est pas trop acide pour mon palais. Heureusement, lorsqu’on reçoit nos entrées on change de bouteille et un Gosset brut s’invite à notre table. Il est super agréable car il est vineux et les bulles sont fines. Les frogs mangent leurs cuisses de grenouille avec les mains pendant que je déguste un bon foie gras.

L’arrivée des plats sonne aussi la venue d’une autre bouteille de champagne. Il n’y aura pas de vin car nous voulons faire honneur à la région que nous visitons et le Champagne se marie bien avec le poisson. G., le magnanime buisnessman qui doit faire des frais, donne à chacun un morceau de son homard. Les discussions deviennent plus houleuses et les garçons commencent à s’échauffer, dont un en particulier : G.

G si on devait le décrire, se trouve en quelque part entre Charles Bukowski et Hunter S. Thomson : un homme avec un brin de folie mais poussé à l’excès. G. ne se cache pas d’aller aux putes ou encore de s’être fait retirer son permis de conduire. Il revient toujours de voyage avec des histoires abracadabrantes où la bouffe, les filles et l’alcool ont les rôles principaux. La modération reste un concept qui lui est complètement étranger et qu’il n’a certainement pas envie de découvrir. Pourtant malgré quelques remarques salaces à mon sujet et à l’instar de Bukowski, l’un de mes écrivains favoris, G. il a quelque chose qui le rend attachant et on ne peut lui tenir rigueur de ses écarts.

Ainsi, G. avec sa modération habituelle a commandé une autre bouteille de Champagne. Pendant que Réjean parlait de louer une villa flottante sur le lac Powell en Arizona, G. a eu un éclair de génie en reposant la patte de homard dont il avait sucé la chair : Pourquoi ne pas partir ensemble au festival de Burning man dans le désert du Nevada avec un ami encore plus déphasé qui pourrait être l’avocat Samoan de Fear and Loathing in Las Vegas. Un verre de plus et nous avions conclu le pacte de se rendre à Burning man en 2011.

En fait presque, car F. qui a voyagé avec G. sait comment une simple balade peut se transformer en délire qui durera jusqu’au bout de la nuit. Pendant que la raison s’éclipse aux toilettes, G. commande une dernière bouteille de Champagne et fomente un plan pour convaincre la copine de F. de venir avec nous, alors F. serait bien obligé de suivre. Non qu’il soit jaloux mais il sait que la nature pétillante de sa copine conjuguée au caractère sans-limites des larrons risque de mener tout le monde à leur perte. Ainsi, F. serait obligé de venir pour tempérer l’aventure.

Rues de Reims
Balade à Reims

Le dessert arrive et le mien est correct, sans plus. Les vieux garçons commandent des digestifs, le serveur occulte complètement de me demander si j’en désire un. Ce n’est pas pour les femmes selon la culture locale. Tant pis, je n’en voulais pas. Je me suis contentée de tremper mes lèvres dans le verre de Chéri, histoires de goûter l’exceptionnel bas Armagnac Laubade, hors-d’âge. Comme ils étaient engagés dans la voie de la modération, ils en ont repris un dernier verre en demandant l’addition.

Les conversations devenaient de plus en plus improbables et ils se sont mis à jouer à l’alcool musical, balançant l’Armagnac d’un verre à l’autre. Ils ont laissé un énorme pourboire à notre sympathique serveur et on redemandé un dernier, dernier, digestif avant de partir. Une fois les verres vidés, un coup d’œil à la montre nous a indiqué qu’il était déjà 17 heures et que l’une des caves de Champagne était déjà fermée. Impossible de se rendre à la cave toujours ouverte dans l’état des garçons.

On a un peu erré sans but, les mecs se sont mis à passer des coups de fils improbables qui devaient être incompréhensibles pour la personne à l’autre bout du fil. J’étais très loin d’être dans leur état, c’est d’ailleurs pourquoi je me souviens assez bien de ce qui c’est passé cette journée là. Ainsi, je ressentais une solitude immense même si j’étais accompagnée par trois autres personnes. Ils avaient décollés et j’étais restée sur la piste.

Carrousel à Reims

Histoire de les ramener sur le plancher des vaches on s’est assis en terrasse au café Gaulois pour siroter des boissons gazeuses. Tout allait bien sous le soleil, jusqu’à ce que G. commande une AUTRE bouteille de Champagne. Difficile de lui en vouloir car j’ai adoré cette bouteille de Brut Premier de Roederer. G. s’est mis à manquer de cigarettes, normal car chéri à qui j’interdis normalement de fumer lui avait piqué la moitié de son paquet. Avant qu’ils ne partent en quête d’un bureau de tabac ouvert le dimanche, je leur demande de bien vouloir me rapporter un peu de ma drogue : des bonbons.

Tourisme à Reims
Visite à Reims

Je reste avec F., on n’a rien à se dire. Je n’ai pas beaucoup de talent pour dire des banalités car c’est inintéressant alors je ne force pas la conversation et prend des photos de gens autour. Après plus de temps qu’il n’en faut pour acheter des cigarettes Chéri et G. reviennent avec un Cohíba mais sans bonbons. Histoire de faire souffrir deux mecs bourrés, je les renvoie sous le soleil me chercher des sucreries.

Visite à Reims
Visite à Reims

Cette fois-ci ils prennent moins de temps, ils reviennent avant que F. ait terminé son cigare. Ils ont acheté deux sucettes à la cerise, hilares à l’idée de me voir manger ma sucette. Pendant que F. le cigare dans une main et la sucette dans l’autre lui faisait des trucs indicibles avec sa langue, les regards étaient tout de même dirigés vers moi.

Visite à Reims

Le serveur est arrivé et l’attention s’est tournée vers lui car il était temps de commander une autre bouteille de Champagne, il nous apprend après avoir ouvert notre bouteille qu’il avait dans sa cave du blanc de blanc de Ruinart. Quel dommage de l’avoir appris trop tard ! Une fois servis, on offre tout de même flute à notre très sympathique serveur.

Chéri et G. entament une conversation agitée dont je crois qu’ils sont les seuls à comprendre. Le ton monte, mais les propos demeurent cryptiques : c’est une conversation d’ivrognes, il n’y a rien à comprendre. Je parle un peu photo avec F. qui a le même problème que moi à s’acheter un objectif grand-angle. Plus les minutes passent et moins le Champagne ne trouve preneur. F. ne buvait plus depuis déjà plusieurs heures car c’est lui qui devait nous ramener à Paris. En fait, il ne restait plus que moi pour une dernière flûte, toujours en super forme car j’avais trouvé une forme de modération au milieu de tous ces excès.

Visite à Reims

À 19 heures, on réussit enfin à s’extirper de la terrasse. G. va vomir dans le parc avec toute la grandeur et la déchéance qui le caractérise. Ça a fait bien rire trois jolies filles qui prenaient le soleil sur un banc. Habituellement j’aurais été dégoûtée, mais cette vision m’a fait crouler de rire. Chéri n’était pas en super formes alors G. et lui, comateux, se sont étendus sur la pelouse d’un parc moins fréquenté. F. et moi nous sommes bien marrés assis sur un banc plus loin car un énorme chien semblait bien intéressé à nos deux hommes imbibés d’alcool. On a un peu parlé histoire de faire passer plus rapidement les 20 minutes restantes.

Visite à Reims

Une fois nos deux amis ressuscités, on a oublié l’idée de retourner au Continental pour manger du homard. Histoire de laisser les hommes décanter un peu plus, nous sommes allés nous asseoir à la terrasse d’un autre bar pour y boire quelques Perrier histoire de leur débarbouiller l’estomac. À 21 heures, les garçons étaient enfin revenus à un état normal et moi je n’avais pas bougé. F. aussi était en super forme.

Écoutant la raison, nous sommes allés manger un truc simple chez Istanbul Kebab car on avait eu un accueil fort antipathique au restaurant le jouxtant. C’était franchement pas mal, service sympathique et viande correcte sans trop de gras ou de nerfs. J’ai aussi apprécié la vinaigrette pour la salade à base de Yogourt. G. en a profité pour nous a raconté ses voyages en Turquie, un pays que tous les voyageurs qui y vont apprécient grandement ce pays pour sa culture millénaire, ses gens et ses tailleurs.

On reprend la direction de la cathédrale pour retrouver la voiture. Je regarde une dernière fois sa façade illuminée et je vais m’encastrer sur la banquette arrière de la vieille Peugeot. Il est déjà 11 heures 45, épuisée je me couche sur les genoux de Chéri et je m’endors aussitôt. F. conduit dans le silence et la noirceur jusqu’au périphérique Parisien où tout le monde se réveille car le style de conduite est soudainement plus saccadé. Bien que tout le monde est éveillé dans la voiture, personne ne parle, nos sommes tous las de notre journée.

Enfin arrivés Porte de Versailles, on remercie nos copains pour cette journée à Reims et on marche une quinzaine de minutes jusqu’à la maison. Chéri remonte seul à l’appartement pour aller chercher mon petit Akira. La pauvre bête est restée seule plus de douze heures mais il est content de nous retrouver. On se dépêche pour sa balade car chéri travaille le lendemain, lui n’avait pas congé pour la Pentecôte.

Nous tombons endormis.

Biodiversité humaine

Pour des photos beaucoup plus éloquentes rendez-vous sur Peter’s Paris
Nous nous sommes retrouvés lundi midi aux Champs Élysées durant la pause-déjeunner de chéri histoire de voir les plantations faites pour la journée de la biodiversité. Chéri décide à la dernière minute qu’il préfère manger au restaurant à mon pique-nique. Erreur fatale de sa part car des restaurants aux sandwicheries, tout était plein. Pas moyen non plus de se balader dans les plantations qui sont prises d’assaut par les badauds sous un soleil de plomb. Au moins, il y avait une certaine biodiversité chez les touristes qui se bousculaient entre les barrières qui délimitaient le périmètre planté. Je n’avais aucune envie d’aller m’insérer dans cette marée humaine, de toute façon, les plantes asséchées dans des petits bacs faisaient pitié. Le comble de tout, c’était la société qui avait organisé l’évènement essayant de vendre des plans chétifs à dix euros pièce.

On trouve enfin une sandwicherie avec une queue de taille raisonnable, je prends un panini au poulet qui n’a pas l’air terrible et Chéri décide qu’il n’est pas satisfait des choix proposés et ne prend rien. Monsieur boude et décrète que je devrais manger mon sandwich en marchant car lui ne mange pas. Je m’énerve, je l’emmerde et je quitte. À chaque fois que je viens le rejoindre pour déjeuner c’est toujours la même chose, on passe deux heures à errer à la recherche de restaurant sur les Champs Élysées alors que je n’affectionne pas particulièrement cet endroit et que je lui avais proposé de se poser à un bar au moment même de mon arrivée.

Il se rend compte qu’il aurait dû être plus agréable avec moi car j’étais venue pour lui faire plaisir et me rattrape. Il s’excuse et me prend par la main. On trouve dans une rue éloignée du brouhaha une place en terrasse. On mange mon sandwich à deux et on boit tranquillement deux Coke. Le calme est revenu, après notre tempête amoureuse et on peut enfin se parler calmement. C’est déjà l’heure qu’il rentre au bureau, on se donne quelques bisous et il se met en route. Je me dépêche à reprendre le métro pour me sauver de la foule et du soleil.

Épilogue

Depuis, je suis cloîtrée à la maison car mon allergie au soleil est revenue et je suis fatiguée de me gratter. Cet enfermement m’a laissé le temps d’écrire ce (trop) long billet dont les temps choisis pour l’accord des verbes sont souvent douteux.  Promis aujourd’hui je mets de la 45 et je sors.

Par Cynthia

Montréalaise en escale à Paris.

7 commentaires

  1. Bon, la ville a l’air sympa, j’avais parcouru tes photos sur Flickr hier.

    Par contre, je dois avouer que ma tolérance pour les mecs bourrés est très limitée, probablement parce que je ne bois pas vraiment moi-même. Effectivement, ça peut être très chiant d’être la seule lucide du groupe…

  2. Quel week-end! Ça me fait penser que Chéri a décrêter qu’on ne pourrait faire un mariage qu’au champagne Ruinard Rosé… ça façon à lui de dire qu’on n’est pas prêt de se marier! 🙂

  3. Zhu: Oui c’est tout mignon 🙂 En fait même si je me suis amusée à la martyriser un peu, ils restent relativement gentils 😉

    Delph: Hehehe, ça dépend toujours du nombre d’invités 😉

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