Les mauvaises mœurs françaises

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Les mauvaises moeurs française
Inspection des immigrants à Ellis Island - (cc0) Office of the Public Health Service Historian

Oui, le titre est un peu fort, mais mine de rien, mon éducation nord-américaine fortement imprégnée par le catholicisme est parfois choquée par certaines mœurs françaises. La pire chose qui m’est arrivée jusqu’à maintenant est lors de l’examen médical pour les immigrés. On a exigé une radiographie de mes poumons pour voir si je n’étais pas porteuse de la tuberculose (maladie très courante au Canada!?). Ainsi, on m’a fait entrer dans une petite pièce où l’on m’a demandé de me déshabiller. Je me suis rapidement exécutée. Alors que je cherchais frénétiquement une jaquette médicale, une dame a ouvert tout grand la porte pour m’inviter dans la salle de radiographie.

Torse nu, j’ai déambulé jusqu’à la machine de rayons X. Je me suis sentie comme du bétail, mais surtout extrêmement humiliée. J’ai eu de la chance, car il n’y avait que des femmes dans la salle, mais certaines de mes copines étrangères ont dû se présenter ainsi dénudées devant des hommes. Ceci est impensable au Canada où les patients sont toujours vêtus, même quand on leur demande de se déshabiller!

Heureusement, c’est la seule histoire humiliante que j’ai à ce sujet! C’était déroutant pour moi ce manque de pudeur physique, d’autres diront libération du corps, des Français. Par exemple à la piscine ou à la plage, il ne sera pas rare de voir les gens se changer devant tout le monde sans se cacher. Cela donne lieu à des spectacles qui ne sont pas très heureux.

Il y a aussi une différence au niveau des sous-vêtements. La Parisienne va souvent porter un soutien-gorge en dentelle sous un pull moulant ou encore de couleur foncée sous un chemisier pâle. Au contraire, pour toute Nord-Américaine qui se respecte, le soutien-gorge doit être fonctionnel et rester invisible sous les vêtements. Au lieu d’un joli soutien-gorge en guipure verte, nous en arborons un beige, lisse et rembourré.

D’ailleurs, l’utilisation du corps de la femme ne semble pas choquer les Français ni les Françaises. Par exemple, cette publicité des Galeries Lafayette qui auraient été tapissées d’autocollants « sale pub sexiste » à Montréal n’a ému personne dans les métros des Paris. J’ai même découvert que dans les années 1980 une émission de télévision érotico-humoristique « Coco Boy » était diffusée sur TF1. Quelques minutes avant le téléjournal, une playmate offrait un striptease aux téléspectateurs émoustillés. Il me semble qu’une telle émission aurait été impossible Québec, car c’est une société à forte influence féministe qui fustigerait le premier macho à proposer ce type idée.

Le rapport à l’alcool est aussi très différent. Ici, il est possible d’en acheter au cinéma, au McDo, à la cafétéria d’école, bref presque partout. En plus, la France est très loin des États-Unis où, même attablé dans un restaurant, il faut justifier ses 21 années révolues pour tremper ses lèvres dans une boisson alcoolisée. En France, on ne vérifie que très rarement l’âge des acheteurs d’alcool, même si théoriquement l’âge minimum est de seize ans.

Il n’y a pas non plus de pudeur face à la consommation d’alcool, on peut en consommer même dans les endroits publics. Il n’est pas rare de voir des amis ou des amoureux faire des pique-niques arrosés sur le bord de la Seine ou dans un parc durant les beaux jours. Tandis qu’à Montréal, toute bouteille d’alcool doit être transportée dans un sac, donc cachée sur les lieux publics. La consommation d’alcool y est formellement interdite.

Est-ce que pour autant ces différences au niveau des mœurs font de la France une société plus libre? Non, elle est différente, mais elle reste coincée dans une foule de tabous mentaux malgré leurs corps libérés. Ce ne sont pas non plus des dégénérés bien que ce que mon titre pourrait suggérer 😉.


*Photo de la pub Galeries Lafayette par jamtea sur Flickr

Par Cynthia

Montréalaise en escale à Paris.

8 commentaires

  1. Je ne veux pas faire ma maudite française (!) mais une radio des poumon est aussi exigée pour les français qui immigrent au Canada. En fait, c’est commun à beaucoup de pays, j’en ai fait une pour l’Australie aussi.

    Je suis d’accord avec toi par contre, on n’a pas le même rapport au corps. Les seins par exemple ne sont pas tabous en France et je ne comprends pas l’entêtement Nord-Américain à vouloir les cacher 😉

    Par contre, moi c’est le look de certains qui me choquent au Canada, genre les filles qui vont en cours à la fac en mini-short et tee-shirt dos nu. Ah, puis les jeans taille basse avec les bourrelets qui ressortent partout (je ne me moque pas, mais franchement, des fois…).

    En ce qui concerne l’alcool, ça me fait très bizarre maintenant quand je vais en France et que je vois les très jeunes boire. Je n’aime pas trop ça en fait…

  2. Au fait, c’est pas un concours que « qui c’est le mieux », j’aime juste comparer les pays. Je ne suis pas très patriotique sinon!

  3. Ne t’en fait pas Zhu 🙂 Je crois qu’on est beaucoup plus attentifs à des petits trucs à l’étranger que chez nous! Et que de toute façon, globalement, tous les pays se ressemblent énormément, un ne pouvant être réellement meilleur que l’autre.

    C’est quand même drôle que la radio des poumons soit obligatoire dans autant de pays car c’est tellement 19ème siècle!

    Pour ce qui est des seins, je trouve que c’est d’une certaine façon beaucoup plus logique qu’ils ne soient pas montrés et qu’ils puissent êtres libres à la plage comme la poitrine des messieurs.

    Par contre,au-delà de la neutralité supposée de cette partie du corps, je trouve qu’ils reçoivent souvent de l’attention non-désirée. Par exemple à Paris, impossible de porter quelque chose un tant soi peu décolleté sans recevoir une tonne de commentaires déplacés.

    Pour les jeunes femmes au Canada, c’est malheureusement vrai ce que tu dis, je crois que le pire a été la mode du string visible :s Quand je suis allée à Montréal j’ai eu beaucoup de difficulté à trouver des jeans ayant une hauteur de taille raisonnable pour mon goût !

    Si je compare à Paris, les jeunes filles sont très mignonnes sans être dévoilées. Pourquoi cette énorme différence? je ne sais pas mais ça serait intéressant d’y penser 🙂

  4. Je trouve cet article amusant car je pourrais retourner certains exemples à l’envers, d’une française au Québec… J’avais été très étonnée au gym de l’UQAM de voir qu’il n’y avait pas de cabines individuelles et que cela ne semblait gêner personne de se changer au milieu des vestiaires.
    Je me rappelle aussi d’une chose qui m’avait choquée et énervée (je dois être quand même un peu féministe sur les bords) : la longueur, ou plutôt l’absence de longueur, des jupes des uniformes scolaires. Je trouvais ces mini jupes vraiment indécentes et encore plus du fait d’être portées par de très jeunes filles.
    Mais je crois, comme tu le dit Cynthia, que l’on remarque bien plus de choses quand on sort de notre pays. Ce que l’on a sous les yeux depuis des années n’est même plus visibles. La nouveauté nous fait ouvrir les yeux à nouveau.

  5. Je confirme pour la radio des poumons. J’ajoute qu’on exige même des immigrants de faire pipi dans un petit bocal, et aussi de subir une prise de sang. Tout ça coûte d’ailleurs très cher, et c’est aux frais de l’immigrant.
    Après, on passe devant un médecin qui nous inspecte des pieds à la tête, qui compte nos vertèbres, regarde nos genoux, et (c’est là que tu vas sursauter), baisse notre slip pour vérifier que tout est conforme.
    La palpation du médecin pour vérifier que mes outils étaient bien conformes, je m’en serais bien passé…

    Sinon, les CocoGirls, ça a été toute une période, en France. Disons que la télévision a découvert l’impertinence, le côté débridé qu’elle n’avait pas avant. Sur la 2, Christophe Dechavane avait son playmec, qui faisait un strip tease en fin d’après-midi… et Véronique et Davina, les reines de l’aérobic, se laissaient filmer sous la douche après leur émission, juste avant la messe.

    Tout ça était très « 80 », finalement. 😀

  6. Autre différence culturelle franco-québécoise, qui m’a marqué: les Québécois sont moins gênés de raconter leurs histoires médicales que les Français.
    Je me rappelle bien de cette collègue qui nous parlait de ses histoires gynécologiques à l’heure du café: elle se faisait des douches, comme elle disait, et ça l’irritait, et une autre collègue qui lui répondait que fallait pas faire ça trop souvent, pour la flore, et tout et tout…
    J’avoue que c’était très bizarre, pour moi. Surtout qu’il y avait des hommes présents…

    On m’a expliqué plus tard que c’était de toute façon plus difficile d’avoir une intimité quand on avait 5 ou 10 frères et sœurs, et que ça venait peut-être de là. Ou alors que c’était parce qu’après avoir été oppressées par l’église pendant si longtemps, les Québécoises avaient pris cette liberté de ton que n’ont pas les Françaises.

  7. @Gaëlle Ha les jupes d’uniformes ! Je crois que le problème des jupes, du moins au collège catholique que je fréquentais, est que c’est le seul vêtement qui est féminin tandis que les chemises, polo, vestes et pantalons sont unisexe avec une coupe masculine. On roulait toutes nos jupes jusqu’à ce que les surveillantes viennent mesurer leur longueur 🙂

    @Olivier C’est vraiment horrible! La visite médicale en France est très très sommaire, on nous demande si on est malades, j’ai répondu non et j’étais sortie du bureau!

    Pour ce qui est des mots, les québécois ne sont pas du tout pudiques. Il y a souvent des conversations pas du tout appropriées au bureau. Par contre je dois faire attention à Paris car je choque les gens très rapidement :p

  8. My God..que dirais-tu si tu passais un peu de temps en Allemagne !!! Les gens vont à la piscine tout nus !

    Ayant vécu au Québec pour 10 ans, je trouve toujours ça aussi hypocrite l’habillage des bouteilles d’alcool par le sac brun laid…tout le monde sait ce que ça cache 😉

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