Pourquoi une si longue absence?

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Sacré-coeur sur butte Montmartre, Paris

Le blogue est un drôle d’objet : c’est un espace terriblement privé qui reflète notre personnalité, mais qui a une portée publique. J’écris, mais avant cette longue pause j’étais surtout lectrice des autres blogues. Je sais très bien combien on s’attache à ceux qu’on lit. Par exemple, quand Olivier de Montréal a définitivement fermé son blogue j’ai ressenti une réelle tristesse. D’ailleurs, en faisant le ménage dans les liens sortants j’ai remarqué que plusieurs blogues que je suivais se sont arrêtés net : il n’y a simplement jamais eu de nouveau billet. On ne saura jamais ce qui est arrivé aux personnes que l’on suivait parfois depuis plusieurs années. Ça fait une drôle de sensation de vide. Heureusement, certains blogueurs ont laissé des traces pour qu’on reste en contact sur leurs comptes Facebook, Instagram ou même sur un nouveau site.

Mais voilà, le blogue existe dans un espace public et il y a des choses qu’on n’a pas envie de crier sur tous les toits. Surtout que Boeing Bleu de Mer n’est pas complètement anonyme, il est aisé de trouver mon identité et beaucoup de gens que je connais dans la vraie vie viennent me lire. D’un côté, je ne dois pas d’explications sur mon absence parce que c’est ma vie privée, mais je sais qu’en tant que lectrice j’aurais beaucoup de questions… que je n’oserais pas poser directement !

Vieil homme sur la bute Montmartre, Paris

La douleur et le désespoir ne sont pas des sujets qui se portent facilement au partage. Ce sont des choses que l’on préférait ne pas avoir vivre et on n’a pas nécessairement envie que tout le monde soit au courant de nos déboires, notamment lorsqu’on recherche un emploi.

Et puis ces états négatifs ne laissent plus d’espace mental au reste. L’inspiration m’a quittée : je n’ai pas touché à un pinceau en plus de deux ans. D’ailleurs, j’ai toujours du mal à avoir de l’intérêt pour des choses que j’aimais : je n’arrive plus à lire et j’ai rarement assez d’attention pour regarder un film. Je sens que l’envie est en voie de renaître, mais je n’y suis pas encore.

Étrangement, j’ai l’impression d’être restée dans le même état d’âme que quand je me suis fait opérer. Comme si j’étais dans les limbes, loin de toute envie. Je passais mes journées dans une chambre silencieuse en mangeant très peu. La seule façon de me raccrocher au monde réel était de m’obliger à faire ma toilette soigneusement et de m’habiller. Un rituel pour le matin et un autre pour le soir. Certains jours ces gestes simples m’épuisaient. C’est d’ailleurs resté durant toute ma dépression mon unique point de repère. Aujourd’hui, des choses se sont ajoutées à ma routine, comme le travail, mais tout reste très mécanique. Je passe à travers les motions, rien de plus.

Couple d'amoureux à Montmartre, Paris

Ça semble peut-être négatif, mais dans le fond c’est plutôt un sentiment neutre. Le ressenti est très éloigné de celui de ma dépression. Après deux ans à Montréal, je suis encore dans une période de transition : je n’habite pas où je veux, je n’ai pas le job que je veux et je n’ai pas la personne que j’aime avec moi. J’ai l’impression d’être dans le portique du reste de ma vie, le meilleur est à venir. Reste que dans la continuité de mon histoire personnelle, ça fait des années que j’attends que ça aille mieux (depuis 2013!).

Et puis, cette douleur que j’ai vécue de façon intense durant plusieurs mois présente une rémanence étrange. Elle n’est plus là, mais je la calcule tout le temps. C’est une habitude dont je commence tout juste à me défaire. Je ressens parfois des douleurs, mais ce n’est plus sur la même échelle qu’avant. Je ne suis plus malade, mais je peine à sortir du carcan psychologique de ces années de douleurs. Étrange problème !

Même en santé mentale et physique, ça prend du temps pour sortir du trou noir dans lequel j’ai été. Je ne sais pas si c’est le printemps qui approche, mais j’ai décidé de faire des changements dans ma vie : des touts petits, rien de trop contraignant, histoire de ne pas mettre la marche trop haute. Ça commence à porter ses fruits et j’ai enfin envie d’élargir mon horizon.

Même si je n’écris pas, souvent je viens travailler sur le blogue, corriger les fautes d’orthographe sur les anciens articles et améliorer mes photos. Tranquillement, voir tout ça m’a encouragée à reprendre mon appareil photo. J’ai photographié ma famille au temps des fêtes et j’ai été très contente du résultat. Ça a cheminé jusqu’à avoir l’envie de publier des articles à nouveau. Je me suis réinscrite à la photo du mois et j’ai remis mes comptes de médias sociaux en mode publique.

Je ne promets rien d’autre que d’essayer de continuer et de vous prévenir si Boeing Bleu de Mer venait à fermer définitivement.

Sacré-coeur de Paris, Montmartre

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire directement.

Par Cynthia

Montréalaise en escale à Paris.

12 commentaires

  1. Chère Cynthia,
    Oui, bien sûr, je me suis posée des questions en tant que fidèle lectrice, puis j’ai vu que tu donnais signe de vie sur Insta, ça a suffit à me rassurer. Le reste t’appartient pleinement, et je n’ai rien besoin de savoir d’autre ! Je t’envoie plein de bonnes ondes pour passer enfin ce portique de purgatoire.
    Ton article est très puissant zt m’émeut beaucoup, traversant moi-même une période difficile. De celles où prendre une douche est déjà une belle victoire, de celles où on questionne sa douleur et sa « normalité » en permanence. J’espère aussi que le meilleur est à venir.
    Je t’embrasse !

    Isa

    1. Merci Isa ! Si tu veux en parler n’hésite pas. Je t’envoie aussi une tonne d’ondes positives. Je pense que la normalité n’existe pas et parfois il faut vivre ce qu’on a vivre.

  2. Très beau texte, tu as toujours eu une belle plume. C’est souvent les articles plus personnels qui nous touchent mais c’est difficile de se confier, sachant que beaucoup de gens connus ou inconnus nous lisent. Dis toi qu’au moins, ça te fais un beau journal souvenir si jamais tu décidais à le fermer. Et sinon, quand tu le sentiras, tu peux m’appeler ou me contacter et on ira prendre un café et discuter de nos aventures… Sinon, pas de soucis. Bises

    1. Salut Josée, ça me plairait bien d’ailleurs ça fait un moment que j’y pense comme on habite dans le même coin. Je vais te contacter quand je reviens de vacances.

  3. Salut Cynthia! Je suis contente d’avoir de tes nouvelles, même sporadiquement, ici ou sur Instagram. Je suis parfaitement d’accord avec ce que tu écris, et je me reconnais dans beaucoup de choses. Il faut du temps, beaucoup beaucoup de temps, et continuer, et faire exactement ce que tu fais: des petits pas. Bon courage, belle suite et au plaisir d’avoir de tes nouvelles de temps à autre

  4. J’ai une question, pas si personnelle que ça, alors je la pose ici : comment t’es-tu exprimée, si tu t’es exprimée, pendant tous ces moments durs? As-tu parlé, as-tu créé (tu dis que non, mais même pas pour toi?)…? Si tu as « juste » encaissé, peut-être que c’est pour toi le moment, sans t’épancher si ce n’est pas ton style, d’exorciser ces gros nuages noirs qui t’ont pourri la vie, ces tristes événements et tout.

    Je crois que des fois, faut faire les choses sans trop se poser de questions. Peut-être que demain, tu n’auras pas envie d’écrire ou de prendre de photos, mais quand tu sens que ça te titille, fais-le. Peu importe quand, peu importe s’il n’y a pas de thème, de suivi ou de grand message. Ça prendra forme, et je crois que ça t’aidera.

    Je t’envoie de bonnes ondes!

    1. Merci pour ton message Zhu. J’ai vu un psy à Paris avec qui j’ai pas mal parlé, j’ai eu de la chance je l’ai vu deux fois par semaine et il m’aidait beaucoup à avancer dans ma pensée. Je n’ai pas pu trouver la bonne personne ici. J’ai réussi à expliquer sans gêne le fond des choses à ma famille. J’ai aussi écrit ma colère dirigée à mon ex-conjoint, à défaut de pouvoir lui parler (il en avait rien à …). Je dirais que je pense avoir épuisé le sujet.

      Maintenant, les choses vont mieux. Comme tu le suggère, j’essaie d’attraper l’envie au vol. Hier, j’ai colorié alors que ça faisait plus d’un an que je n’avais pas touché mes crayons de couleur. Des petits pas 🙂

      1. Si jamais tu sens que tu as besoin de parler, je te souhaite de trouver la bonne personne de ce côté-ci de l’Atlantique. J’ai vu des amies tâtonner avant de trouver le bon psy ou counsellor (et je suis moi-même tombée sur des gens frustrants avant de laisser tomber y’a quelques années).

        J’adore l’idée d’écrire sa colère! Quand je me sens vraiment injustement traitée, je me raccroche à l’idée de karma (sans le côté religieux attaché) : pas question de vengeance personnelle, mais un retour du bâton.

        Enfin (et oui, je suis consciente que tu ne m’as absolument pas demandé conseil :lol:), je crois que des fois, il ne faut pas se poser trop de questions. Quand on a des envies et quand on se sent mieux, ben faut y aller gaiement!

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